Doc à Tunis : Clôture de la 4e session
La projection comme événement
Elle a fait courir les fans du 7e art dans tous les sens, la quatrième session de Doc à Tunis.
Intense de par la dynamique qu’elle est parvenue à créer auprès des cinéphiles, cette session a été un forum de la représentation, de la révélation, de l’animation et du débat sur la question du documentaire.
Mieux encore, c’est grâce à ce mini-festival qui a tout d’un grand que le documentaire a révélé toutes ses significations artistiques, techniques, médiatiques et intellectuelles. Si le documentaire est communément perçu comme un cinéma de la réalité, voire illustratif et descriptif, ici, il se déploie comme un art du réel qui emprunte à la subjectivité émotion et sensibilité en se focalisant sur le non-dit, sur les nuances.
Des films comme Let’s make money de l’Autrichien Erwin Wagenhofer ou Lady Koll El Arab de l’Israélienne arabe Ibtissem Salh Mara’ana, respectivement programmés à l’ouverture et à la clôture, prouvent que le documentaire est une affaire non pas de transposition de la réalité et du vécu, mais bien plus une affaire d’écriture cinématographique.
Cette écriture a ceci de méritoire qu’elle transgresse souvent l’aspect utilitaire du documentaire aux services de la communication sociale, de l’intérêt public engagés dans l’ornière des slogans creux et insipides.
C’est dire que le documentaire est aussi une question de courage intellectuel, d’aventure sur les pistes insoupçonnées menant au véritable sens longtemps caché ou occulté des faits.
Cette 4e session de Doc à Tunis s’est pleinement inscrite dans ce processus à travers une sélection conséquente qui vient renforcer son capital de crédibilité. Ceci sur le plan de la qualité. Un autre point fort de cette session : la diversité des regards à travers les pays d’origine des auteurs. Les publics ont eu l’occasion de voyager au gré du programme dans des pays comme l’Iran, la Hongrie, la Chine, le Liban, le Canada, les USA, la Suède, la Palestine, la Grèce et d’autres pays dont on a rarement l’occasion d’apprécier le cinéma d’une manière générale.
Derrière le label peaufiné tout au long des quatre sessions de Doc à Tunis, une femme, Sihem Belkhodja, et son équipe. Ils sont exigeants envers eux-mêmes, prévenants à l’égard des besoins des cinéphiles et des amateurs du documentaire et surtout, surtout, ils savent faire de chaque projection un événement de la rencontre, du partage et du dialogue.
La Presse
Commentaires
Enregistrer un commentaire