Sur nos écrans -Leila's birthday- de Rashid Machharawi

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Enfin sur nos écrans, ce film tant attendu du cinéaste palestinien, Rashid Machharawi "Leila's birthday" actuellement projeté au CinemAfricArt et très prochainement dans les salles d'El Manar et à l'intérieur du pays : Sousse, Sfax et Bizerte.

Rashid Machharaoui est parmi nous pour le lancement de son film et lors de notre rencontre de mardi dernier il était accompagné de Habib Attia, patron de Cinétéléfilms qui a co-produit le film : "Leila's birthday".

Calme et serein, le natif de Gaza en Palestine n'avait rien d'un révolté ni d'une victime. Il était confiant en lui-même et en sa mission et surtout, perspicace et profond dans ses analyses en ce qui concerne sa profession, le milieu dans lequel il évolue sous l'occupation et le regard qu'il porte sur la réalité quotidienne ainsi que sur le monde d'une manière générale.

Rashid Machharaoui est le premier cinéaste à avoir réalisé des films sous l'occupation israélienne.

Avant la première" Intifadha" (soulèvement populaire entre 87 et 89), il était quasiment impossible voire interdit de filmer, a-t-il dit. Le peuple palestinien était en totalité sous l'hégémonie israélienne et prendre une caméra pour filmer serait un acte mortel car il y va de la vie même du cinéaste qui risquerait de perdre sa vie... les Israéliens - poursuit-il - tirent sur tout ce qui bouge, ils peuvent détruire votre maison ou même vous mettre en prison... pour vous dire, les difficultés que nous rencontrions tous les jours avant de mener à terme un projet...".

Des conditions, il est vrai, difficiles mais cela n'a pas empêché le cinéaste de réaliser des documentaires et des films dont : "Couvre feu", son premier long-métrage de fiction qui remporte un prix au festival de Cannes en 1994.



Un parcours jalonné de succès


Rashid Machharaoui a eu un parcours jalonné de succès et de prix à l'échelle arabe et internationale. Il a d'abord commencé sa carrière tout jeune et a travaillé sur une vingtaine de films avant de faire de la réalisation, son cheval de bataille.

Loin du discours politique et des slogans, ses films témoignent - selon les critiques -`aussi bien de son expérience personnelle du vécu quotidien que de sa réflexion sur le cinéma narratif.

Ses longs-métrages comme "Leila's birthday", "Couvre feu", "Haïfa", "Ticket to Jérusalem", tout comme ses documentaires, "Arafat mon frère", "En direct de Palestine"... ont été primés à l'étranger et diffusés sur plusieurs chaînes de télévision en Europe.

Le cinéaste palestinien est un habitué de la Tunisie, il y vient souvent pour présenter ses films et rencontrer un public qui apprécie ses œuvres.

La dernière session de Doc à Tunis (du 1er au 5 avril 2009), a levé le voile sur "Al Ajniha Assaghira", (coproduction : Tunisie, Palestine et Quatar); une série de quatre documentaires portant sur le travail des enfants dans le monde arabe et dont le tournage a eu lieu au Maroc, en Palestine, en Egypte et en Irak. Mais et à titre de rappel, deux courts-métrages seulement ont été présentés à Doc à Tunis "Germes du Maroc" et "Bourgeons de Palestine".



Le cinéaste et l'identité palestinienne


Au cours de l'entretien, nous lui avons posé une question pour savoir si son profil de cinéaste est forcément attaché à son identité de palestinien vivant sous le joug du colonialisme. "On demande - confie-t-il - qu'on évalue avant tout nos productions en tant qu'œuvres cinématographiques selon les canons internationaux puis voir l'autre côté politique des choses..." Je suis cinéaste avant d'être palestinien, observe-t-il".

Selon Rashid Machharaoui, on produit dans les territoires occupés, entre 20 et 30 films par an, qui sont traités différemment de ce qu'on voit dans les médias; cette manière brutale d'évoquer un conflit, une bataille ou une guerre en avançant quelques chiffres sur les dégâts et les victimes.

"Je considère que "Leila's birthday" est un film qui reflète la réalité palestinienne actuelle, en profondeur et avec ses petits détails sans flirter avec le reportage direct à l'image d'autres films palestiniens et arabes traitant de thèmes sur Al Qods, les réfugiés ou le mur...".

Dans ce film, poursuit-t-il, j'ai voulu présenter une autre réalité - universelle - qui se lit en filigrane et que les médias ne traitent pas. Je pense que celui qui porte une plaie, doit la toucher et la palper pour qu'elle guérisse, si non, elle va s'infecter et pourrir. C'est la même chose pour le cinéaste...!".

"Avec ce qui vient de se passer à Gaza, le film vient dire aux Palestiniens que la vie est belle et qu'elle doit continuer et cela les renforce davantage... C'est aussi une manière de compter sur nous-mêmes pour résoudre nos problèmes...".



Un cinéma de qualité malgré l'absence d'infrastructure

Selon les dires de Machharaoui, si la Palestine ne compte qu'une seule salle à Ramallah sans parler de l'absence d'une infrastructure cinématographique, on a pu voir naître sur son sol, toute une génération de cinéastes qui ont mis sur pied, des ciné-clubs et institué le cinéma itinérant...Mais le cinéma en tant qu'industrie, cela n'existe pas. De même la production palestinienne ne bénéficie d'aucune subvention ni aide européennes et pourtant, l'OIF (organisation internationale de la Francophonie) soutient des pays comme la Syrie ou l'Egypte (qui ne sont pas des pays francophones), mais pas la Palestine.

Et le cinéma tunisien, parvient-il jusqu'aux territoires occupés?

"Seulement, dans les circuits culturels - dit-il - par contre, nous collaborons depuis quelque temps avec cinétéléfilms dans le domaine de la coproduction et le résultat - comme vous le constatez - est satisfaisant à tous les coups".

Tourné à Ramallah "Leila's birthday" a été dans la sélection officielle du film de Toronto au Canada (septembre 2008) dans la section, cinéma mondial contemporain et à San Sebastien en compétition officielle. D'autres chances lui ont été accordées au Middle East International Film, au festival Antalya en Turquie, à Londres dans la section cinéma du monde, au festival international de Chicago et au festival de Tokyo.

Dans nos murs en octobre 2008 aux JCC, il a obtenu le Tanit d'argent du meilleur film et le prix du meilleur acteur (Mohamed El Bakri).

D'autres consécrations, à Damas, à Amiens, à Rome (Med Festival Film) où il a reçu le prix du meilleur film, à Marrakech dans la section "Coup de cœur", au Caire où il a été nommé meilleur film arabe.

Enfin, au festival international du film de Kerala (Inde) dans la section cinéma du Monde, en Iran (Prix de Mustapha Al Akkad) au festival international d'amour de Mons en Belgique où il a reçu le prix du meilleur film et celui du jury CICAE et au festival du film africain, asiatique et latino-américain de Milan (en mars 2009).

Le succès - espérons-le ne va pas s'arrêter à ces festivals puisque le film sortira en même temps que chez nous, en Algérie, au Maroc et en Palestine et sa carrière sera marquée d'une pierre blanche.

Rappelons qu'après une première rencontre débat consacrée hier au film, en présence de son auteur, d'autres rencontres auront lieu au CinemAfricArt, autour de l'œuvre de Rashid Machharawi, et qui seront animées par Tahar Chikhaoui le 15 avril, le débat portera sur un documentaire de 52 mn "DAR O Dour", le 22 avril sur "Attente" (fiction) et le 29 du même mois sur "Haïfa" (fiction).

"Leila's birthday" est un film à voir absolument pour sa qualité et son intérêt et toutes les images qui viennent de Palestine sont toujours les bienvenues chez nous.

Sayda BEN ZINEB
Le temps

Synopsis :

L'histoire du film se déroule pendant une seule journée, une journée ordinaire en Palestine.

Abou Leila (Mohamed Bakri) est un juge, mais vu les problèmes d'emploi en Palestine, il travaille en tant que chauffeur de taxi pour gagner sa vie.

Le jour du septième anniversaire de sa fille, Laila (Nour Zoubi), sa femme (Areen Omari) insiste pour qu'il rentre tôt et ramène à l'occasion un gâteau et un cadeau.

Abou Leila n'a en tête qu'un objectif : accomplir au mieux son travail et rentrer sain et sauf pour célébrer l'anniversaire de sa fille...mais la réalité Palestinienne semble déjouer son programme...

"Leila's birthday"est produit par Habib Attia de Tunisie, Peter van Vogelpoel d'Hollande et Rashid Masharawi de Palestine, en coproduction avec Fortissimo Films.

source : http://www.cinematunisien.com/

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