Kairouan: 2e édition du festival du court métrage

Ici ou ailleurs, des intellectuels ou artistes parlent de plus en plus de défaillance de l’intelligence collective, renforcée, selon eux, par une certaine culture de masse, diffusée par ces chaînes satellitaires qui influencent,formatent et uniformisent les gens et les goûts.

D’après Nabil Doha, directeur du Théâtre Al-Laz, de Akka (Acre), en territoires occupés, les Palestiniens n’échappent pas à cet état de fait. Comme d’autres populations, ils s’accrochent, et surtout à travers ces «Telenovela», à une autre réalité où tout finit par s’arranger…

Cela se voit, Nabil Doha est un de ces artistes rebelles…Nous l’avons rencontré au Théâtre Al Kasabah, il venait de présenter sa dernière création Les expatriés, d’après un texte du dramaturge polonais, Slavomir Mrozek, à l’occasion des Journées Al Manara du théâtre international qui ont eu lieu du 1er au 14 avril à Ramallah. Il était à la Caféteria, en plein débat avec ses amis, un peintre et un acteur, Salah Bakri, fraîchement débarqué du tournage du dernier film de Ilia Souleymane Kay la nansa (pour ne pas oublier).

Nous l’avons abordé. Il était du genre à ne pas se livrer d’emblée à un journaliste. Il parlait au compte-gouttes, et attendait les questions. Ce n’est qu’au déjeuner, lorsque tout le monde était là et que le cinéma et le théâtre tunisien furent évoqués, que Nabil a parlé, et d’une manière plus relaxe, de sa vision du monde. Il voue une admiration sans bornes pour Les silences du palais, le premier long métrage de Moufida Tlatli. C’était le point de départ pour une discussion sur «l’esthétique». D’ailleurs, c’est ce qui le préoccupe en faisant son théâtre. Mais par les temps qui courent, disait-il, il fallait focaliser sur le social. «Il y a de moins en moins de public pour le théâtre, il fallait donc essayer de l’attirer par une forme et un contenu plus accessibles et par des thèmes qui traitent de choses qui l’intéressent». Et Nabil Doha d’ajouter, «depuis 1948, les déceptions se suivent, les gens sont las. Il n’y a pas de réponse à leur problème…». Le directeur d’Al Laz ressent de plus en plus cette régression et cette solitude de l’artiste qui a du mal à dire… D’autant plus, précise-il, qu’il y a de moins en moins de gens «éclairés», ouverts et qui pensent le monde d’un point de vue moderne et progressiste. «Notre éventuel spectateur préfère rester cloué dans son fauteuil à suivre les feuilletons syriens et turcs plutôt que de se déplacer pour nous voir détruire et reconstruire le monde».

Mais comme beaucoup d’autres artistes, Nabil Doha, ne baissera pas les bras. Le Théâtre Al- Laz, fondé en 1996 par le metteur en scène Mazen Ghatass, continuera d’exister.

Nabil était chargé d’exécuter la scénographie de Liens de sang lorsqu’il avait connu Ghatass. En 2003, Al-Laz avait élu domicile à Acre dans un vieux bâtiment transformé en théâtre. En 2005, Ghatass avait disparu, et Nabil hérita de la direction et de cette mission si compliquée dans un environnement d’opprimés: la quête du beau.



S.B.S.

source : http://www.cinematunisien.com/

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